08/07/2010

Nancy Huston, Dolce Agonia

C'est quoi?
Le livre sur lequel ma sœur va travailler pour son cours de théâtre. Comme elle n'a pas le temps de le lire et qu'elle n'aime de toutes façons pas cet auteur, je lui ai promis de le lire pour lui dire ce que j'en pense.

En deux mots :

Sean Farrell, écrivain dépressif, alcoolique et qui s'en sort pas trop mal comme ça, organise un dîner de Thanksgiving chez lui au début des années 2000. Le roman suit le dîner, une douzaine d'adultes, ayant pour la plupart dépassé la cinquantaine, avec de bonnes situations, instruits et plus ou moins proches, et la jeune épouse de l'un d'eux comme élément extérieur. Une tempête de neige les empêche de repartir, fait durer la soirée et glisser la conversation sur les thèmes traditionnels de Thanksgiving : la famille, la mémoire... au fil de monologues intérieurs, de réflexions et de souvenirs. Et par dessus tout ça, Dieu joue les narrateurs et nous explique par le menu ce qu'il a prévu pour chaque convive, et un enfant dort.

Mon avis

Un roman très court, en huis clos, qui donne tout de même le temps de s'attacher aux personnages et à leurs cassures. Nancy Huston dévoile au lecteur tous les non-dits, toutes les motivations des personnages, et à grands coups de flash-backs enchâssés dans l'histoire et de monologues intérieurs on découvre où commence leur pudeur, ce qu'ils savent et pensent les uns des autres, ce qu'ils sont prêts à dévoiler devant une étrangère (Chloé, jeune mère et épouse d'un écrivain vieillissant, ne connaît personne et sert d'élément perturbateur), pour en arriver à une ambiance mitigée, faite de sous entendus et d'hypocrisie. Pourtant on remarque une certaine ironie: on sait exactement ce qui se cache derrière la conversation et, surtout, Dieu en narrateur nous explique ce qu'il a prévu pour chaque personnage, ce qui donne une perspective nouvelle à l'histoire.

Un roman qui parle de vieillesse, de famille, mais aussi de littérature puisque les convives sont poètes, écrivains, philosophes ou le voudraient, la vie, la mort (en filigrane, et on comprend que c'est peut-être le dernier tabou), des mœurs américaines avec des personnages comme je les aime, complexes et hypocrites, et des romanciers qui passent leur temps à penser à leur prochain livre plutôt que de voir ce qui leur pend au nez.
Par contre l'écriture peut être rebutante. Les phrases sont longues, il y a beaucoup d'effets de style et de répétitions qui commençaient à me gêner sur la fin. Dans un roman plus long, ça m'aurait sûrement vite agacée; heureusement ici, le livre se lit d'une traite. Il demande surtout une certaine concentration, puisque la narration s'arrête brutalement le temps d'un monologue puis reprend, ce qui arrive toutes les deux pages. C'est original, c'est une façon de nous faire entrer dans les personnages, mais lassant à la longue.

Une note?
7/10