C'est quoi?
La nouvelle série historique de Sophie Chauveau. C'est une des rares auteurs français que je suis avec attention depuis son cycle sur la Renaissance italienne (Le siècle de Florence), pour sa capacité à rendre vivante une époque figée dans nos livres d'Histoire. Ici, ce sont les Lumières qu'elle ressuscite en dépoussiérant un bon coup une de leurs figures, à moitié ignorée en France et reconnue dans le reste de l'Europe, à savoir Diderot
En deux mots :
1728, Denis Diderot est le fils adolescent d'un coutelier de Langres et est trop brillant (et trop athée) pour s'en tenir à l'ambition paternelle, qui est de le voir entrer dans les Ordres. Pour lui ce sera Voltaire, Montesquieu, la littérature et la gloire ou rien.
Il fait son lycée à Louis-le-Grand, où il découvre à ses dépends la toute puissance de la noblesse et l'inégalité de la société. Après ça ce sont les études à la Sorbonne et la vie qui va avec : il devient docteur ès arts, se passionne pour les mathématiques, la physique, et passe le reste de son temps à tourbillonner d'amis en cafés en filles en travaux proches de l'escroquerie pour ne pas mourir de faim. C'est comme ça que nait une des grandes figures de son temps, philosophe et écrivain définitivement révolté contre les injustices sociales et les inégalités (même s'il ne se risquera pas toujours à l'écrire) si sulfureux qu'il en sera mis au secret au chateau de Vincennes. Mais entre temps, l'idée de l'Encyclopédie est née.
Mon avis:
Un excellent roman. Pas grand chose d'autre à dire, en fait, si ce n'est que le style de Sophie Chauveau se marie sans problème a l'énergie du personnage et de son époque (le Paris de Louis XV, fourmillant d'esprits brillants et soumis au silence par la censure royale) et nous fait découvrir un Diderot très éloigné de l'image que la postérité en a gardé.
Diderot ce n'est pas que le vieux monsieur maitre d'oeuvre de l'Encyclopédie, ici c'est un jeune homme plein de vigueur, d'ambitions et de passions, qui aime la vie, le vin, le théâtre, les festins, les femmes passionnément et ses amis jusqu'à la mort.
Un roman qui réconcile un peu avec la philosophie et surtout, donne envie de connaître une effervescence intellectuelle de cette ampleur, en partie à cause du name-droping inévitable avec un sujet pareil - Voltaire, D'Alembert, Montesquieu font leurs apparitions, Rousseau à l'époque où il n'était qu'un jeune homme perdu à Paris et meilleur ami de Diderot (!) - et de l'optimisme perceptible de l'auteur.
A lire en s'offrant un promenade dans le Quartier Latin, dans lequel se situe la plus grande partie de ce premier tome, pour se donner l'impression de marcher dans les pas des personnages et se demander quel genre de hasard a pu créer une telle génération d'esprtis brillants.
Une note : 9/10.