17/06/2010

Philippe Besson, Un instant d'abandon

C'est quoi? 
Philippe Besson fait partie des rares écrivains français contemporains que je suis. En fait, des deux écrivains français que je lis : il y a lui et Sophie Chauveau. Pourtant il me laisse à chaque fois une sensation d'inachevé, ici plus que dans ses précédents romans.

En deux mots :
Thomas Sheppard sort de prison et revient à Falmouth, la ville où il est né, où il a grandi et où il retourne parce qu'il n'a nulle part où aller, même s'il n'est pas le bienvenu. Il reprend sa vie, mis à la marge de la ville - une petite ville où tout le monde sait qui est son voisin - et rencontre d'autres "écartés" à qui il confie son histoire. Son enfance à Falmouth, son crime, la prison. Il n'y pourtant pas de pardon possible, pas de retour en arrière; il n'est revenu que pour se souvenir et attendre.

Mon avis
J'ai tendance à chercher chez philippe Besson une dimension que ses livres n'ont pas. Ici, on est face à un roman sur le retour, l'isolement, la mentalité des petites communautés, mais il ne fait qu'effleurer tous ces thèmespour se concentrer sur son premier sujet : le portrait d'un prisonnier qui revient au bercail. On connait tous les détails de sa vie, racontés à travers les confessions de Thomas, mais j'ai eu l'impression de rester à la surface, de ne jamais réellement approcher des véritables intentions du personnage.
Il multiplie les clichés sur la perte de soi, case (encore une fois) une histoire d'amour fulgurante qui - pour une fois - ne prend pas toute la place, et le détachement de l'écriture qui m'avait d'abord attirée m'a profondément agacée. Il y a une raison logique pour ça, un personnage fatigué de ce que la société lui a fait subir qui se contente de faire l'inventaire de ce qui l'a mené où il est, mais justement, cette fois c'était peut-être trop présent. Ce qui jusque là me semblait fluide est devenu la preuve trop évidente du travail d'écriture et voir la formule m'énerve, le style m'a paru plat. C'est comme quand on connait le truc de l'hypnotiseur, on arrive pas à entrer dans le numéro et au final, on sort à moitié déçu.
Pourtant j'ai presque tout lu de Philippe Besson, il fait partie des auteurs dont je suis l'actualité depuis qu'Un garçon d'Italie et En l'absence des hommes m'ont soufflée; là rien à faire, je ne suis pas entrée dedans. La preuve, je ne l'ai pas lu d'une traite, contrairement aux autres.

Tout n'est pas à jeter, bien sûr. Je n'ai pas été émue aux larmes (le but affiché du roman) mais il reste de très beaux passages, de purs moments de poésie concentrés à la fin du roman. Après tout, si je continue à le lire, c'est parce que je sais que Philippe Besson touche toujours juste quand il s'agit des relations humaines et de la mesquinerie sourde de ce qui nous entoure.


Une note? 6/10

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